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Hebdomadaire du 29/11/2024


Course contre la montre : Le casse-tête du budget français face à l’horloge politique


1. Crise budgétaire en France

La situation budgétaire en France est devenue particulièrement tendue cette semaine. Le gouvernement de Michel Barnier fait face à d'importantes difficultés pour faire adopter le budget 2025 et celui de la Sécurité sociale. Cette impasse politique s'explique par l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, rendant nécessaire la recherche de compromis avec l'opposition.

Face à cette situation, le Premier ministre Michel Barnier a tenté une approche conciliatoire, notamment envers le Rassemblement National (RN). Il a fait des concessions, comme le renoncement à l'augmentation des taxes sur l'électricité, dans l'espoir d'éviter une motion de censure qui pourrait renverser son gouvernement. 

Cette instabilité politique inquiète les marchés financiers, qui craignent un blocage institutionnel prolongé. La perspective d'une France "sans budget et sans gouvernement" fait planer le risque d'une baisse significative du CAC 40, potentiellement de l'ordre de 5% à 10%.

2. Dégradation des conditions d'emprunt pour la France

Les tensions politiques ont eu un impact direct sur les conditions d'emprunt de la France. Un événement symbolique s'est produit : les taux d'intérêt à 10 ans français ont temporairement dépassé ceux de la Grèce. Cette situation, inédite depuis la crise de la dette grecque, traduit une perte de confiance des investisseurs.

L'écart de taux (spread) entre les obligations françaises et allemandes s'est creusé pour atteindre 86 points de base, un niveau qui n'avait pas été observé depuis 2012. Cette augmentation du spread reflète la perception d'un risque accru associé à la dette française par rapport à la dette allemande, considérée comme la plus sûre de la zone euro.

La semaine a été marquée par d'importantes ventes nettes d'obligations françaises, signe d'une défiance des investisseurs face à l'incertitude politique et budgétaire.

3. Révision attendue de la notation de la dette française

Dans ce contexte tendu, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) s'apprête à réévaluer la note souveraine de la France. Les experts du marché anticipent une possible dégradation, soit de la perspective (actuellement stable), soit de la note elle-même (actuellement AA).

Une telle dégradation aurait des conséquences importantes sur le coût de financement de la France et pourrait accentuer la pression sur le gouvernement pour mettre en place des mesures d'assainissement budgétaire.

4. Tensions politiques

L'Assemblée nationale a été le théâtre de vives tensions cette semaine, notamment autour d'une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites de 2023. Malgré une majorité en faveur de l'abrogation, le texte n'a pas pu être voté en raison de l'obstruction du camp présidentiel, qui a déposé des centaines d'amendements pour ralentir les débats.

Face à ces blocages, le gouvernement devra probablement recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter les projets de loi de finances sans vote. Cette procédure, bien que constitutionnelle, risque d'exacerber les tensions politiques et d'exposer le gouvernement à des motions de censure.

5. Calendrier budgétaire serré

Le gouvernement fait face à un calendrier budgétaire particulièrement serré :

- Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sera examiné le 2 décembre à l'Assemblée nationale.

- Le projet de loi de finances de fin de gestion 2024 sera discuté le 4 décembre.

- Le projet de loi de finances pour 2025 (PLF) devrait revenir à l'Assemblée le 18 décembre.

Ce calendrier contraint augmente la pression sur le gouvernement et l'opposition pour trouver des compromis, sous peine de voir la France entrer dans la nouvelle année sans budget voté, ce qui serait une situation inédite et potentiellement déstabilisante pour l'économie et les marchés financiers.

6.Marchés et Investissements

- CAC 40 : L'indice boursier français CAC 40 a clôturé à 7.235,11 points, enregistrant une baisse de 0,27% sur la semaine. Cette légère diminution reflète les incertitudes économiques et politiques actuelles en France, notamment les tensions budgétaires et les perspectives de croissance économique.

- Or : L'or continue d'être présenté comme un placement incontournable pour la diversification des portefeuilles. Bien qu'il ait connu une pause à court terme, sa tendance haussière à long terme est soutenue par des facteurs tels que l'incertitude géopolitique et économique. Les analystes recommandent de détenir de l'or sous différentes formes, notamment via des ETCs (Exchange Traded Commodities), des actions de sociétés minières, ainsi que des pièces et des lingotins physiques.

- Portefeuille d'investissement : Les analystes conseillent d'allouer 50% des investissements en actions aux valeurs américaines. Cette recommandation repose sur les meilleures perspectives de croissance bénéficiaire aux États-Unis par rapport à l'Europe, ainsi qu'un risque politique et géopolitique perçu comme plus faible. Parmi les valeurs recommandées figurent Amazon.com, American Express, Eli Lilly, Linde, Microsoft et Walmart.

Entreprises et Secteurs

- TotalEnergies: L'entreprise vise à augmenter sa capacité de production d'électricité renouvelable à 100 GW d'ici 2030, contre 23 GW actuellement. Cette ambition s'inscrit dans une stratégie plus large de transition énergétique, avec un accent sur l'intégration de la chaîne de valeur dans le renouvelable. Le groupe prévoit de produire 100 TWh d'électricité renouvelable, l'équivalent d'un tiers du parc nucléaire français.

- Sanofi : Le groupe pharmaceutique prévoit une accélération de sa croissance grâce au développement de douze produits ayant le potentiel de devenir des blockbusters. Sanofi se concentre sur l'innovation dans l'immunologie, les vaccins et les maladies rares. Le Dupixent, médicament vedette du groupe, devrait voir ses ventes passer de 13 milliards à plus de 20 milliards d'euros en 2030.

- Engie : Engie investit massivement dans la transition énergétique, avec plus de 85% de ses investissements alignés sur cet objectif. Le groupe met l'accent sur le développement des technologies de décarbonation, notamment aux États-Unis.

- Saint-Gobain : L'entreprise se positionne comme leader mondial dans la construction durable et la rénovation. Elle opère une forte rotation de son portefeuille d'activités pour se concentrer sur des solutions innovantes et durables, en particulier dans le domaine de l'efficacité énergétique des bâtiments.

- Teleperformance : Le groupe considère l'IA générative comme une opportunité, prévoyant de l'associer à l'intelligence émotionnelle pour créer de nouvelles offres de services. Teleperformance anticipe une croissance de ses revenus entre 2% et 4% pour l'année en cours, avec une amélioration de sa marge opérationnelle.

- AXA : L'assureur prévoit d'investir 1,6 milliard d'euros entre 2024 et 2026 dans la data et l'intelligence artificielle, visant à automatiser les processus de déclarations et à améliorer l'efficacité de ses services.


Ces développements illustrent comment les grandes entreprises françaises s'adaptent aux défis économiques actuels tout en poursuivant des stratégies axées sur la durabilité, l'innovation technologique et la transformation digitale.


S&P maintient la note AA- de la France : Un répit pour Barnier malgré les turbulences politiques

L'agence de notation américaine S&P a maintenu la note AA- de la France avec une perspective "stable" vendredi soir, malgré le contexte politique tendu. Cette décision intervient alors que le gouvernement de Michel Barnier fait face à une possible motion de censure et que le débat sur le projet de loi de finances 2025 bat son plein.

Évaluation de S&P

S&P reste confiante quant à la capacité de la France à se conformer au cadre budgétaire de l'UE et à consolider ses finances publiques à moyen terme, malgré un certain retard prévu. L'agence souligne les atouts de l'économie française :

- Équilibrée
- Ouverte
- Riche et diversifiée
- Dotée d'un important réservoir d'épargne privée nationale

Perspectives budgétaires

Le gouvernement français vise à réduire le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025. S&P prévoit que les autorités françaises poursuivront l'assainissement budgétaire à hauteur d'un peu moins de 1% du PIB l'année prochaine.

Dette publique et risques

La dette publique française a atteint 3.228,4 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre 2024, soit 112% du PIB. Bien que ce ratio soit élevé, il reste inférieur au pic historique de 117,7% atteint au premier trimestre 2021.

S&P avertit qu'une dégradation de la note pourrait survenir si :

- Le gouvernement ne parvient pas à réduire ses importants déficits budgétaires
- La croissance économique s'avère inférieure aux projections sur une période prolongée

Tensions sur les marchés

L'incertitude politique a récemment provoqué une hausse de l'écart de taux (spread) entre la France et l'Allemagne, atteignant 84 points de base mardi, un niveau record depuis la crise de l'euro en 2012. Le spread s'est légèrement réduit depuis, clôturant à 81 points de base vendredi.

Actuellement, la dette française à 10 ans se négocie à un taux de 2,90% sur les marchés.


Vendredi 29 Novembre 2024


L'actualité économique et financière de cette semaine a été marquée par un contraste saisissant entre les marchés américains et européens, sur fond de tensions géopolitiques en voie d'apaisement et d'anticipations de politique monétaire. 🌎

Marchés boursiers : Un découplage transatlantique 🇺🇸🇪🇺

Wall Street a atteint de nouveaux sommets cette semaine, profitant du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah qui a apaisé les tensions géopolitiques. Cette accalmie a contribué à renforcer l'optimisme des investisseurs américains, déjà porté par la solidité de l'économie nationale.

En revanche, les bourses européennes ont continué à montrer des signes de faiblesse, reflétant les inquiétudes persistantes sur la situation économique de la zone euro. Plusieurs facteurs contribuent à cette fragilité :

- Les difficultés économiques de l'Allemagne, locomotive traditionnelle de l'Europe 🇩🇪
- Les incertitudes politiques en France, avec un risque de censure du gouvernement 🇫🇷
- L'absence de validation du budget pour l'année prochaine, alimentant les tensions 💶

Perspectives de politique monétaire

États-Unis : Une Fed prudente mais accommodante🇺🇸

L'économie américaine affiche une santé robuste, avec une croissance du PIB de 2,8% en rythme trimestriel 📊. L'inflation, mesurée par l'indice PCE Core, s'est établie à 2,8% en octobre, en légère hausse par rapport à septembre.

Sauf surprise majeure lors de la publication de l'indice des prix à la consommation (CPI) le 11 décembre ou des chiffres de l'emploi (NFP) le 6 décembre, le scénario central pour la prochaine réunion de la Réserve fédérale le 18 décembre reste une baisse de 25 points de base des taux directeurs.

Zone euro : La BCE face à des défis persistants 🇪🇺

La situation économique en zone euro demeure préoccupante, ce qui pourrait inciter la Banque centrale européenne à réduire encore ses taux en décembre. Cependant, les chiffres de l'inflation pour novembre, bien que conformes aux attentes, restent trop élevés pour envisager une baisse significative des taux. La zone euro devrait donc probablement se limiter à un assouplissement modeste de 25 points de base.

Matières premières : Entre géopolitique et fondamentaux

Énergie : Le pétrole sous pression

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah a contribué à un recul des prix pétroliers cette semaine 🛢️, atténuant la prime de risque géopolitique. Les investisseurs restent attentistes avant la réunion de l'OPEP+, reportée au 5 décembre, qui pourrait déboucher sur un report de l'augmentation de la production. Le Brent s'échange autour de 72 USD le baril, tandis que le WTI américain se situe à 68,90 USD.

Métaux : Tensions commerciales et demande soutenue

Les prix des métaux de base sont restés relativement stables, à l'exception du zinc qui a grimpé à 3130 USD à Londres. La pression haussière sur l'ensemble des métaux industriels est en partie due aux incertitudes liées à la politique commerciale des États-Unis sous l'administration Trump 🇺🇸.

Produits agricoles : Le café en vedette

Après la flambée des cours du cacao, le café connaît une hausse significative, due à une offre mondiale jugée insuffisante et à des inquiétudes concernant les conditions météorologiques au Brésil 🇧🇷☀️.

Cryptomonnaies : Bitcoin sous les 100 000 dollars, l'Ether en progression

Le bitcoin (BTC) reste sous le seuil psychologique des 100 000 dollars cette semaine 📉, affichant une volatilité importante. En revanche, l'ether (ETH) progresse de plus de 4% à 3 600 dollars 📈, surperformant le bitcoin qui recule de 1% à 97 000 dollars. Cette tendance se reflète également dans les flux des ETF Spot, avec des sorties nettes pour le bitcoin et des entrées nettes pour l'ether.

Le retour des banques centrales sur le devant de la scène

Le mois de novembre a été marqué par un découplage boursier prononcé entre les États-Unis et l'Europe 🇺🇸🇪🇺, confirmant les tendances divergentes observées ces derniers temps. Alors que l'attention des investisseurs s'était récemment portée sur les résultats d'entreprises et les développements politiques, le focus se tourne à nouveau vers les décisions de politique monétaire des grandes banques centrales.

Anticipations sur la Fed 🇺🇸

La majorité des acteurs du marché s'attend à ce que la Réserve fédérale américaine (Fed) poursuive sa politique de réduction des taux lors de sa prochaine réunion le 18 décembre. Cette anticipation repose sur plusieurs facteurs :

- Le ralentissement de l'inflation observé ces derniers mois 
- Les signes de modération de la croissance économique 
- La volonté de la Fed de soutenir l'économie face aux incertitudes persistantes 

Cependant, un statu quo n'est pas totalement exclu, compte tenu de la résilience de l'économie américaine et des risques inflationnistes qui subsistent.

Événements clés à surveiller

Deux événements majeurs pourraient influencer significativement les attentes du marché la semaine prochaine :

1. L'allocution du président de la Fed (mercredi soir) : Les déclarations de Jerome Powell seront scrutées à la loupe pour déceler tout indice sur l'orientation future de la politique monétaire.

2. Les statistiques de l'emploi américain de novembre (vendredi): Ces chiffres fourniront des informations cruciales sur la santé du marché du travail, un indicateur clé pour la Fed.

Le contexte européen 🇪🇺

En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) fait face à des défis distincts :

- Une inflation plus persistante qu'aux États-Unis 
- Une croissance économique atone, particulièrement en Allemagne
- Des divergences au sein de la zone euro en termes de performances économiques

Ces facteurs compliquent la tâche de la BCE dans l'élaboration de sa politique monétaire, accentuant le découplage avec les États-Unis.

Actualités des entreprises

Parallèlement aux décisions de politique monétaire, les résultats trimestriels de plusieurs entreprises de premier plan apporteront de l'animation aux marchés :

- Prosus : Le géant de l'investissement technologique devrait offrir des perspectives sur le secteur tech mondial.
- Salesforce : Les résultats du leader du CRM donneront des indications sur la santé du secteur des logiciels d'entreprise.
- Marvell : L'entreprise de semi-conducteurs fournira des insights sur l'industrie des puces, cruciale pour de nombreux secteurs technologiques.

Ces annonces pourraient influencer les tendances sectorielles et potentiellement impacter les indices boursiers.

En conclusion, la semaine à venir s'annonce riche en événements susceptibles d'influencer les marchés financiers. Les investisseurs devront naviguer entre les décisions de politique monétaire, les indicateurs économiques et les résultats d'entreprises pour ajuster leurs stratégies dans un environnement économique en constante évolution.

L'équipe GROUPE PATRIMOINE GESTION vous souhaite un excellent weekend.

GROUPE PATRIMOINE GESTION
Expert en investissements boursiers

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Rien ne garantit que les tendances évoquées perdureront. Les déclarations concernant les tendances des marchés financiers se fondent sur les conditions de marché actuelles, lesquelles peuvent fluctuer. Rien ne dit que les stratégies d'investissement porteront leurs fruits dans toutes les conditions de marché ou qu'elles sont adaptées à tout type d'investisseur. Il est conseillé à chaque investisseur d'évaluer sa capacité à investir sur le long terme et plus particulièrement durant les replis boursiers.